Nous vous invitons à lire l'article ci-dessous publié dans l'excellent hebdomadaire "Courrier international" (n°890) qui permet d'avoir le point de vue de la presse internationale traduit en langue française. Cela change des nouvelles pravdas que nous avons en France.
Cet article permet de rappeler la dangerosité du pistolet électrique qu'avait justement soulignée Gérard Sebaoun dans un article sur son blog à propos de la volonté du démagogue Éric Raoult, maire du cossu Raincy et député de Seine-Saint-Denis, qui voulait équiper sa police municipale de cette arme.
Méditons sur cette phrase de Benjamin Franklin : « Ceux qui sont prêts à sacrifier une liberté essentielle pour acheter une sûreté relative et passagère, ne méritent ni liberté ni sûreté.» Benjamin Franklin, c'est autre chose que certaines pauvres références citées par notre président de la République dans son discours devant le Congrès des États-Unis d'Amérique...
Sus au pistolet électrique
Le 14 novembre dernier à l'aéroport international de Vancouver, un candidat à l'immigration de nationalité polonaise décède après avoir reçu deux décharges de pistolet à impulsion électrique Taser, d'après le nom de la société américaine qui les fabrique. L'incident impliquant des agents de la gendarmerie nationale du Canada, a été filmé par un témoin. Diffusé à la télévision et sur Internet, la vidéo a suscité cet éditorial du quotidien anglophone "The Globe and Mail" :
"La gendarmerie royale peut essayer de justifier les actions de ses agents comme elle le veut. Elle peut dire que les quatre gendarmes n'ont fait que suivre la procédure. Elle peut dire qu'on ne sait pas exactement de quoi est mort l'intéressé et que les Taser sont sûrs. Elle peut dire que la vidéo n'est qu'un élément de preuve et qu'il faut attendre les conclusions de l'enquête avant de se forger une opinion. Elle peut dire tout cela, mais la mort de Robert Dziekanski ne sera perçue que d'une seule façon : comme l'exécution sommaire d'un innocent qui avait commis le crime d'être étranger et d'être désorienté.
"La vidéo montre un homme confus, qui se parle à lui-même, jette violemment des objets à terre et tente de bloquer la fermeture des portes automatiques avec des chaises. Arrivent alors quatre gendarmes. Que font-ils ? Tout le monde peut voir qu'ils avaient plusieurs solutions. Se sont-ils arrêtés un moment pour évaluer la situation ? Ont-ils interrogé les témoins qui avaient essayé d'apaiser l'homme ? Lui ont-ils intimé de se calmer ? Ou de s'asseoir ? Non, ils savaient déjà ce qu'ils allaient faire. Cet homme n'était pas armé. Il n'était ni drogué ni ivre, comme l'a montré l'autopsie. Il n'était pas violent : il n'a pas tenté de résister aux policiers, il ne les a pas attaqués. C'était un homme en détresse, un homme qui avait besoin d'aide. Ces quatre agents armés de Taser, revêtus de gilet pare-balles et portant le fier uniforme de la police montée, s'en sont pris à un homme seul et perdu et lui ont immédiatement envoyé une décharge de 50 000 volts.
"M. Dziekanski s'est effondré sur le sol, où l'on a pu le voir se tordre de douleur. Il souffrait atrocement. Qu'ont fait les forces d'élite canadiennes ? A un moment, sur la vidéo, on entend quelqu'un crier : 'Remets-lui en un coup !' M. Dziekanski a reçu au moins une décharge supplémentaire. Il a vite arrêté de se tortiller. Il est resté sans réaction. Peut-être était-il déjà mort.
"A la suite de cet incident tragique et scandaleux, Stockwell Day, le ministre de la Sûreté publique, a ordonné une enquête sur l'utilisation des Taser. Il a raison. Cette vidéo est suffisamment explicite sur le problème que posent ces armes. Les policiers n'ont pas essayé de communiquer avec l'homme. Ils n'ont pas essayé de négocier. Ils n'en avaient pas besoin : ils avaient leurs Taser et avaient perdu leur humanité."
Avertissement (ajout du 27 novembre 2007)
Cette vidéo montre Robert Dziekanski se faire tirer dessus au Taser par des agents de la gendarmerie canadienne. Il ne s'agit pas d'exploiter un ressort sensationnaliste mais plutôt d'illustrer la réalité des dérapages induite par l'utilisation de telles armes présentées comme non létales.
GENÈVE (AFP) — Le Comité de l'ONU contre la torture a estimé vendredi que l'utilisation du pistolet Taser à impulsions électriques constitue "une forme de torture" et "peut même provoquer la mort". (27/11/2007)