Pouvoir d'achat : ce que la campagne de communication gouvernementale ne dit pas
Alors que le gouvernement choisit de dépenser plus de 4 millions d’euros sur deniers publics pour vanter les prétendus mérites de sa politique en matière de pouvoir d’achat, toutes les études statistiques viennent confirmer l’échec cuisant de l’action menée depuis un an dans ce domaine.
Selon la DARES, qui dépend du Ministère du travail, la défiscalisation des heures supplémentaires n’a entraîné qu’une augmentation minime de pouvoir d’achat pour une petite minorité de salariés. En effet, avant comme après le paquet fiscal, seul un tiers des salariés effectuent des heures supplémentaires, et ceux qui en effectuent ne dépassent pas 55 heures supplémentaires en moyenne par an, très loin des 220 heures autorisées. Pour le peu de salariés concernés, la gain maximal plafonne à une moyenne de 40 euros par mois.
Selon une étude que vient de rendre publique l’ACOSS, seuls 7 % des entreprises ont proposé de racheter des jours de RTT à leurs salariés en 2007, et moins d’une entreprise sur cinq se déclare prête à le faire en 2008. De plus, les rares entreprises qui y recourent imposent à leurs salariés un strict plafonnement du nombre de jours pouvant être rachetés. Selon l’ACOSS, seuls 20 % des salariés pourraient bénéficier de la mesure, pour un gain de pouvoir d’achat très limité.
Le gouvernement oublie également dans sa communication de préciser qu’il ne donnera aucun coup de pouce au SMIC cette année, ce pour la deuxième année consécutive, et qu’il prévoit de confier ses revalorisations ultérieures à une commission d’experts, afin d’éviter toute augmentation les prochaines années au-delà du minimum légal.
Quant aux mesurettes annoncées par le gouvernement pour développer l’intéressement des salariés, dispositif seulement facultatif pour les entreprises, elles ne sont qu’un artifice pour éviter de poser la question de la revalorisation des salaires. De même, subordonner les exonérations de cotisations à l’engagement de négociations salariales ne produira aucun effet sur les salaires réels, seuls la conclusion effective d’accords salariaux étant de nature à augmenter les salaires.
En 2007, pour la première fois depuis plus de vingt ans, le pouvoir d’achat de l’ensemble des salaires directs et différés, ainsi que des prestations sociales, diminue en France : moins 0,4 point pour le salaire mensuel de base, moins 1,2 point pour le SMIC, moins 1,4 point pour les retraites, moins 1,5 point pour les prestations familiales, moins 1,25 point pour les allocations chômage, moins 1,4 point pour les prestations sociales notamment l’AAH et le RMI.
En définitive, le gouvernement, incapable d’augmenter le pouvoir d’achat des Français, conformément aux engagements de campagne du candidat Sarkozy, en est réduit à privilégier la communication, à grands renforts de moyens publics, pour masquer son absence totale de résultats.